Le retour de lenfant prodigue
Un cliché en liberté et son commentaire
Rentrer chez soi, fût-ce dans le plus reculé des villages, nest-ce pas un bonheur ? Dautres ont en tête les grands espaces, linconnu, la révolution. Partir attendra bien que le souffle soit rompu.
On sapproprie surtout ce qui tient dans la main, et encore la douce main rêve-t-elle de lâcher prise. La liberté, cest le possible devant soi ou limpossible ? Qui enfourcherait ses ergots pour fouetter ses propres fantasmes ?
Qui tient ses rêves noie ses peines. Il na pas soif. Il nest pas étanche pour autant, mais poreux à des bonheurs qui lenlacent tel un lierre. Quimporte la conquête, le conquérant et le vaincu !
Lavenir est pareil à cette ronce. A-t-il fleuri ? Sera-t-elle arrachée ? Qui s’égratignera sur elle, sur lui ? Quelle démesure gagne jamais le soleil ni la mort ? Paix à nos rêves. La beauté, toute la beauté suffit à la grandeur de lhomme. Et quand même elle ferait défaut, il reste la chaleur de la paupière, le pouvoir de la clore un instant, pour mieux la rouvrir et sourire.
Pierre Perrin, Le retour de lenfant prodigue, [2003]